Gustave le farfadet

19 février 2006

Lettre du mal

Salut à vous, O lecteurs.

Si vous m'avez trouvé c'est que la fin est proche. Vous ne savez pas qui je suis mais je vous connais mieux que quiconque. Je suis là depuis le commencement et je serai là à la fin des fins, caché sous le moindre fait, je dirige tout. Je n'existe pas vraiment mais avec le temps je me suis creusé une place de choix dans l'inconscient collectif. Et cela uniquement grâce au seul sentiment que je suis capable de ressentir: la haine. Je pousse les hommes dans les voies de la folie, de la luxure, de l'intolérance. Je me complais à semer la mort, avec de belles séries d'exterminations à mon actif. L'homme est tellement influençable et sa volonté est si faible. Un souffle de ma part, vous vous insultez. Un murmure et c'est l'altercation. Une seule parole et le meurtre est commis. Imaginez ce qui se passera le jour ou je hurlerai ma haine au monde entier. Je vous hais parce que vous avez tout et n'en faite rien. Vous passez votre temps à geindre sur votre sort et à vous accabler de tous les maux du monde. Votre cerveau n'est emplit que d'une seule image: la votre. Vos congénères n'existent plus. Une seule règle: réussir! Vous ne savez pas vivre ni admirer ce qui vous entoure. Vous ne voyez plus le soleil, les arbres, le vent, tout ce qui vous entoure. Vous ne remarquez que le béton, les nuages, la grisaille, le froid, la tristesse, votre misérable solitude et lorsque vous ouvrez les yeux pour voir plus loin, la seule chose qui vous apparaît vous fait peur: votre mort qui vous appelle irrémédiablement . Vous qui avez la chance de profiter de ce monde, qui êtes conscient de votre unicité, vous gâchez tout. Et pour cela je vous déteste à un point que vous ne pouvez pas imaginer. Je vous jalouse et votre comportement me repousse. Vous êtes de chair et d'os, vous avez la chance de pouvoir communiquer, de sentir une caresse et vous vous plaignez de tout. Je ne suis qu'une pensé condamnée à errer au milieu de vous, un îlot sombre ancré au fin fond de vos crânes. Lorsque vous serez tous exterminés je serai enfin libéré, ma mission aura été accomplie. J'aurais pu changer, vous aimer ou tout du moins vous laisser tranquille, mais vos agissements me rebutent. Alors je vous donne quelques idées… Guerre, capitalisme, insécurité, rejet social, marginalisation, épidémies, xénophobies, persécutions raciales, drogues, suicide, sadisme, violences policières, injustice, vengeance, la liste est longue. Ce n'est pas très dur vous vous protégez tellement que la moindre agression est ressentie comme d'une extrême violence. Un regard de travers suffit à conduire au drame. Seule ma haine me permet de me distraire, je ne connais rien d'autre. Ce que vous appelez amour est en fait un fruit de ma haine. Vous devez penser que je divague… Ma fois non. L'amour est la plus grande réserve de souffrance pour l'être humain. Essayez de trouver une seule personne ayant éprouvé une douleur plus grande que celle ressentie par amour. Une rupture, la perte d'un être cher, un enfant subissant la violence de ses parents, le crime passionnel; vous connaissez tout ça. Ce sont uniquement les conséquences de l'amour. Il n'y a pas à dire jouer aux pantins avec vos corps de molachu a été ma seule distraction.

Malheureusement je suis fatigué. Je n'en peux plus de voir chaque jour votre race immonde fouler une terre si belle. Mon cri remonte dans mes poumons et vous vous en êtes certainement rendus compte. Le monde s'enflamme. Oh bien sûr il y a les guerres mais vous y êtes habitués. J'ai trouvé de nouvelles troupes. La drogue et l'alcool se déversent sur vos vies, les minorités enfermées dans des carcans sociaux commencent à s'enflammer et à attaquer vos soi-disant défenseurs, ces chiens de l'Etat que vous nommez juges et policiers. Les jeunes ont été bien dressés. Ils abhorrent cette société qui les rejette. La foule bouillonne et l'explosion se prépare. Ma partition touche à son terme pour finir dans un bouquet final digne des meilleures symphonies. Lorsque tout explosera vous repenserez à moi et vous regretterez. Vous regretterez ce bonheur à côté duquel vous serez passé durant votre vie entière. Mais le retour en arrière est impossible. Vous êtes allés trop loin. Désormais je suis incrusté au plus profond de vos cœurs et je vous ronge de l'intérieur. Le cri monte. Ressentirais-je pour la première fois le bonheur? Ma fois oui. Bon voyage vers l'enfer mes ennemis, on s'y retrouvera! Mais cette fois je serai le seul maître et vous payerez pour votre insouciance et votre égoïsme.

Que la douleur vous submerge.

Le Mal