Gustave le farfadet

21 novembre 2006

Gustavisme

Capacité innée à supporter de longue période d'ennui particulièrement innactive sans pour autant développer des tendances suicidaires. Maladie fréquemment observable chez les étudiants en lettre depuis l'introduction de Bologne.

16 novembre 2006

Saw

Saw I, Saw II, Saw III... il paraît qu'ils ont déjà prévus 3 épisodes de plus... Est-ce que Saw VI se passera en bavière avec un meurtre par étouffement à la choucroute et un écartellement d'anus à coup de bratwurst? Les suites ça me laisse toujours rêveur...

Mise en réseau

Abrutissement, isolement, dépendance...

Observations innocentes

Vous savez, cela fait déjà fort longtemps que je vous connais, que je vous observe, que j’étudie vos allées et venues, votre train-train quotidien. Oh! vous savez il ne me passionne guère, mais voyez-vous je n’ai pas tellement le choix. Ma tâche est de rester là et d’attendre que vous me serriez là main, jours après jours. Je ne suis pas seule vous savez, Moi et mes sœurs peuplons votre monde depuis des siècles. Pourtant vous nous ignorez, vous nous passez devant sans même un regard, comme si nous n’existions pas. Sans nous le monde ne serait que chaos, vol, carnage, épidémies, voyeurisme. L’intimité serait un mot inconnu ! Vous rendez-vous compte de votre chance ? De notre utilité ? Je ne le crois pas. Votre race est bien trop insouciante.

Durant toutes ces années nous n’avons eu pour unique loisir que l’observation de vos vies misérables. Je ne connais que certains d’entre vous, mais vous êtes tous semblables. Tant de scènes se sont déroulée devant mes yeux reflétant la misère humaine et l’égoïsme qui régit chacune de vos existences. Tant de fois j’aurais voulu pouvoir m’en aller, ne pas supporter l’arrogance dont vous faites preuve a l’égard de vos semblables ! Mais je suis condamnée à ne pas bouger, à garder l’œil ouvert jour et nuit, sans mot dire. Cependant hier soir il s’est passé quelque chose, un événement qui fait que je ne peux plus me taire, je dois entrer en contact avec vous.

Mais d’abord laissez moi vous dire ce que je pense de vous !

Au fil des années j’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup d’entre vous et de partager des moments parfois très intimes avec eux. Oh bien sûr ils ne se sont jamais rendus compte de ma présence mais je ne peux les en blâmer, notre peuple sait se faire très discret, malgré le fait que nous ne sommes pas particulièrement petites (les plus grandes d’entre nous peuvent atteindre plus de dix mètres !). Je me souviens particulièrement bien de ces instants privilégiés qui m’ont fait découvrir le bonheur, la joie, la tristesse, le mal, et parfois la folie humaine.

Laissez-moi vous en conter quelques-uns.

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Je me souviens d’une époque ou le monde était particulièrement sombre. Les ombres sur les murs ne semblaient jamais rétrécir, tout était lugubre. On voyait beaucoup de quidam déambuler l’air hagard, donnant l’impression d’errer dans les méandres de leurs espoirs perdus. La vie était terne et les gens n’avait que dépression et mort à l’esprit.

Il était terrible de voir à quel point ces êtres étaient pauvres. Non pas qu’il manque d’argent, la plupart d’entre eux avait un bon niveau social. Ils étaient pauvres de cœur et d’esprit. Combien de gens se sont croisés devant moi sans échanger un regard, une parole. Les passants dégageaient une aura de tristesse de solitude. Il leur aurait suffit d’un regard, d’un « salut » échangé, pour égayer leurs journées. Mais vous les hommes, vous vous complaisez dans la facilité. C’est tellement plus facile d’être malheureux et plaintif que resplendissant de joie et le montrer. Vous vous complaisez dans votre mal-être car il vous permet de haïr le monde entier. De plus, quand on est malheureux les gens s’occupent de nous. Alors que la joie rend jaloux. Vous enviez le sourire de l’inconnu que vous croisez, tout en vous demandant pourquoi il sourit et en recherchant la raison de son bonheur. Pourtant après des années d’observation je suis arrivé à une conclusion. Le seul but de l’homme heureux est de retrouver au plus vite le moyen de replonger, de toucher a nouveau le fond. L’homme est son propre bourreau, le bien être n’est pas un état naturel. Pour aller bien vous avez besoin d’aller mal.

Cependant les plus petits d’entre vous ont compris. Ces enfants qui chaque matin dévalent les escaliers devant moi le sourire aux lèvres, qui le remontent le soir en courant tout simplement car ils sont heureux de vous retrouver. Oui, vous, leurs parents, vous qui vous morfondez pour un rien, parce que vos impôts arrivent, parce que la maladie assaille de pauvres gens dont vous ne vous préoccupez guère (« tu as entendu ? La tante de la cousine de mon amie souffre d’un mal incurable ! – Oh mon dieu que le monde est triste, la pauvre femme ! » Au fond vous dites cela par politesse et surtout pour vous prouver que le monde est invivable. La pauvre tante vous importe peu) , parce que la voisine du dessous chante faux sous la douche ou que vous avez fait une tache sur le siège de votre voiture flambant neuve (laquelle vous plait bien mais quand même, le modèle en dessus était tellement mieux). Regardez vos enfants, prenez le temps de les étudier. Qu’est-ce qui les rends heureux ? TOUT ! S’ils pleurent c’est rarement plus de cinq minutes et ils oublient très vite la cause de leur chagrin. Observez-les et soignez les. Vous avez besoins d’eux autant qu’ils ont besoins de vous. Ne les trahissez jamais, ne les abandonnez pas. Laissez leur une chance de devenir un de ses adultes que vous haïssez, un de ces adultes qui a l’impertinence de sourire en publique.

Cette époque sombre dont je vous parlais est peut être lointaine, mais elle a marqué le cœur des hommes depuis le commencement. Vous êtes marqués par une tendance à l’autodestruction des plus affligeante ! Ouvrez les yeux et voyez le bon côté des choses. En chaque fait il y a du positif. N’ayez plus le regard du pessimiste mais celui de l’enfant qui s’émerveille de toute chose.

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Un jour un homme s’appuya contre moi. Il n’en pouvait plus de marcher, il n’en pouvait plus tout court. Beaucoup de gens passaient devant lui sans s’en préoccuper, sans un regard. Cependant une personne s’arrêta. Une petite fille. Elle regarda cet homme et lui adressa un grand sourire. Elle lui demanda même qui il était. Cet homme était un ancien scientifique. Il avait voué sa vie à la recherche de traitement contre le cancer. Il en avait oublié de vivre ! Chaque soir il travaillait tard, cherchant la solution à l’un des fléaux de votre monde, le nez dans son microscope dernier cri. Sa vie se résumait à l’observation de quelques cellules mais elle le passionnait. Malheureusement ce n’était pas là toute sa vie. Il avait une femme, des enfants, un petit appartement en banlieue avec une décoration austère et rustique (il y avait un Coucou suisse au mur et la lampe du salon était une cloche dans laquelle des ouvertures avaient été pratiquées et on avait installé une ampoule à l’intérieur). Il adorait sa petite famille et son petit nid douillet. Mais il aspirait à quelque chose de plus grand, il voulait marquer le monde de son empreinte. Depuis tout petit il avait eu cette ambition. Il s’était appliqué à l’école pour parvenir à faire des études de médecine et avait décroché son titre haut la main. Mais sa femme et ses enfants n’ont pas supportés de le voir sacrifier leur vie commune pour une cause qui leur paraissait hors d’atteinte. Sa femme le quitta, ses enfants le renièrent. Il perdit ce qu’il avait de plus cher. Il expliqua ensuite à la petite qu’il fut pris au piège de la dépression. Son travail ne donnait plus rien, il avait perdu le goût pour la recherche. Naturellement les entreprises pharmaceutiques n’ont que faire d’un chercheur qui ne cherche pas… Aussi bon soit-il. Il fut donc mis à la porte. N’ayant plus ni joie de vivre ni ambition il se renferma sur lui-même. Il n’avait pas d’amis. Il restait chez lui toute la journée à regarder la télé, cette âme charitable qui occupe une place de choix dans tant de foyers de gens seuls, jusqu’au jour ou elle fut emportée par les huissiers. Il n’avait plus les moyens de payer son loyer. Lui, grand scientifique de renom, se retrouvait à la rue. Il décida de marcher et, des heures durant il se promena au gré de ses intuitions, jusqu’à échouer contre… contre moi ! Tout cela il le dit à cette jeune fille qui s’était contenté de lui faire un sourire ! En revanche il s’abstint de lui dire que s’il marchait c’était parce qu’il cherchait un pont assez haut pour en finir. La gamine s’approcha de lui et lui serra la main avec de la joie plein les yeux. Puis elle s’en alla. Je ne sais pas ce qu’est devenu cet homme. Mais à en croire le trouble qui couvrait son visage lorsqu’il se leva, je doute qu’un pont l’ait vu tomber dans les jours qui suivirent.

L’ambition est importante, certes, mais elle a tendance à masquer les choses véritablement importantes. Bien sûr un homme qui atteint ses objectifs sera heureux, fier de lui, mais sa victoire sera personnelle. Lorsque l’on réussit c’est généralement seul. L’ambition mène malheureusement souvent à la solitude. Vous êtes tellement obnubilés par vos passions que tout le reste disparaît à vos yeux. C’est en quelque sorte de l’égoïsme involontaire. Bien sûr les grandes causes nécessitent de grands sacrifices, mais n’oubliez jamais l’essentiel. Les valeurs primordiales que sont les amis et la famille passent avant le travail, avant le bien être de l’humanité, avant votre bien être. Il faut savoir se sacrifier pour son entourage. Je ne vous dit pas de vous transformer en Sainte de Calcutta mais prenez le temps de vivre un peu pour les autres, respectez les. C’est un premier pas vers le sourire retrouvé.

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Je suis choquée (tétanisée serait un peu absurde dans mon cas) ! Devant moi se tiennent des ambulanciers. Ils sont agenouillés devant une vieille femme étendue sur le sol. J’ai suivi la scène en direct mais malheureusement je ne peux pas parler. Une voiture blanche est passée tout à l’heure à vive allure. Une de ces voitures de jeunes, pleine de modifications obscures auxquelles je ne comprends rien (ils appellent ça du tiounningue je crois). La vieille femme marchait sur le trottoir à ce moment là. Soudain l’une des vitres de la voiture s’est abaissée et le passager a lancé quelque chose en direction de la dame. En y repensant j’ai l’étrange impression qu’il s’agissait d’un doggy-bag de fast-food ! Il est venu frapper l’aînée en pleine tête, la renversant d’un coup (sans doute le poids des glaçons). Elle n’a cependant pas l’air trop mal en point, certainement une commotion. Ces jeunes m’exaspèrent, je ne comprendrai jamais des gestes aussi imbéciles. Quel joie tirent-ils de leurs méfaits ? Je me le demande… Toujours est-il que le lanceur du sac riait jusqu’aux oreille. Un jeune d’une vingtaine d’année retrouvant soudain le visage de ses quatre ans (et probablement le cerveau de ses 12 ans).

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La jeunesse… l’adolescence… Autant l’enfance est un stade qui va bien aux hommes, autant ils sont stupides entre 15 et 25 ans (j’admets qu’il s’agit de vieux adolescents…). Les avez-vous déjà observés ? J’en vois des dizaines passer devant moi chaque jour. Qu’ils sont mignons habillés comme des sacs ! On les dirait échappés des ghettos New-yorkais pour certain (cependant je doute qu’ils y survivraient plus de… soyons gentil : 10 minutes !) et pour d’autres d’un asile pour sataniste atteint de crise de joie (équivalent à la dépression chez tout homme normal). Bien sûr certains sont habillés convenablement. Ce sont les rejetés, ceux que personne ne voit. Trop communs. De nos jours les petits humains s’habillent comme leurs idoles : n’importe comment ! Leurs parents ne voient-ils pas à quel point ils sont ridicules ? Une mère trouve-t-elle normal d’envoyer sa fille de 10 ans à l’école avec un T-shirt trop court (taille 8 ans), un pantalon taille basse et un string qui lui remonte sous les aisselles ? C’est du pain béni pour les pervers, les violeurs et les pédophiles ! Comment peuvent-ils résister ? Mais ce n’est pas toujours volontaire. Un jour un couple tout beau tout neuf (observable par le fait que les bouches des deux protagonistes se quittent rarement, ce qui ne dure pas très longtemps en général) s’arrête devant moi. Monsieur (il doit avoir 18 ans) est soudain pris d’un doute ! Sa compagne (a vue de… disons nez, doit en avoir 16) le regarde et attend sa question. Comme n’importe quel adolescent il bafouille, devient tout rouge, rigole comme quelqu’un dont le Q.I. ne dépasse pas celui de l’amibe et il se lance enfin : « eh euh… en fait, j’me disais que p’t’être que… disons que j’ai une question qui m’agresse (retranscription de leur vocabulaire barbare) depuis un p’tit moment. J’sais qu’ça fait pas longtemps que t’es ma miss mais… Bon j’me lance ! T’as quel âge ? » (Il mérite des applaudissement, la question était difficile !) Et d’un air très désinvolte l’adolescente se transforme en fillette en répondant innocemment : 12 ans ! Bien entendu le jeune homme devient blême et prend ses jambes à son cou.

Cette situation nous éclaire sur deux points :

1) A force d’habiller vos filles comme des bimbos, il devient impossible de leur donner un âge précis. Ne vous étonnez pas le jour ou votre fille de 13 ans vous ramènera son petit ami de 35 ans à la maison (comment ça j’exagère ?).

2) Dans le monde d’aujourd’hui on n’apprend plus à se connaître avant d’aborder une relation. La règle est de se mettre ensemble et de tenir le plus longtemps, ça donne un petit côté challenge.

Au lieu d’acheter des habits de clown à vos enfants pensez à leur acheter des livres (une cervelle pour les cas les plus désespérés) et parlez leur de ce qu’est une relation. Cela vous évitera quelque surprise (ce n’est jamais agréable de déjeuner avec le petit ami de votre fille lorsqu’il a 5 ans de moins que vous…).

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Les jeunes qui écoutent mes paroles doivent se sentir offusqués de tant de rage à leur égard. Mais ne me dites pas qu’il n’y a aucune vérité là dedans. Et rassurez-vous vous n’êtes pas la seule plaie de ce monde. La plupart d’entre vous ne respectent plus grand-chose, nous sommes d’accord. Mais il existe une autre catégorie de la population qui mérite sa dose de blâmes : le 3ème âge ! (Eh oui les jeunes, c’est une autre dénomination pour ce que vous appelleriez vieux croulants séniles). Il est sympa le 3ème âge… Il a toujours de bons conseils. Combien de fois ai-je vu des jeunes se faire remettre en place sous la menace d’une canne parce qu’ils agissaient de manière inappropriée (non, franchement, un petit baiser innocent dans la rue est inacceptable ! C’est la porte ouverte à la déviance et à l’invasion de la pornographie dans nos rues ! Saloperies de jeunes…). La pire de leur phrase ? « De mon temps ça se passait pas comme ça ». Merci papi, mais il fallait évoluer avec ton temps plutôt que de rester coincé dans le passé avec tes vieux principes. Le monde change et les générations ne souhaitent pas se faire rabattre sans cesse les oreilles avec les mêmes radotages. D’autant que sans les jeunes le 3ème âge pourrait repasser la salopette et rêver d’un début de retraite reconnaissable au corbillard qui l’accompagne.

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Si je vous parle de ces deux populations en particulier c’est que bien évidemment elles ne se contentent pas de vivre chacune pour elle (ce serait bien trop beau). Dernièrement j’ai pu lire un article par-dessus l’épaule d’un homme. Le journal (pardon, torchon, vous savez, celui qui est soit orange, soit bleu, mais dans tous les cas provocateur, voyeuriste et abrutissant…) parlait de guerre ouverte des générations dans les transports publics. Bien sûr ce n’est pas nouveau mais bon quand on écrit pour que des idiots nous lisent il faut bien un peu de sensationnalisme (de plus en parler est le meilleur moyen d’attiser le phénomène et de produire de la nouvelle matière pour des articles baveux è C.Q.F.D.). Certaines de mes sœurs se trouvent dans les bus, elles doivent bien rire de ces conflits de génération (elles doivent moins s’amuser en fin de soirée lorsque des énergumènes imbibés jusqu’à la moelle se vident littéralement sur elles…). Entre une volonté absurde de vouloir perpétuer la bonne morale et une nécessité de montrer que l’ordre établi est fait pour être contourner il est normal d’assister à des escarmouches fossiles/couches-culottes.

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Quel beau monde n’est-ce pas ? Egoïsme, irrespect, dépression, pauvreté, richesse excessive, le tout mélangé dans une rue à la froideur cadavérique ou chacun se croise sans se voir, une rue suisse comme les autres. Si seulement j’avais pu être placée à l’entrée d’une école afin de voir chaque jour une ribambelle de gamin passer, rire, jouer, inventer un monde à eux, parfois se chamailler mais finalement rire à nouveau (le fait de devoir m’exprimer au féminin m’empêche de penser à des endroits idiots tels que l’entrée du vestiaire des pom-pom girls d’une université américaine…).

Mais je suis là où je suis et je ne peux rien y changer, je suis condamnée à être le témoin de vos petites vies pathétiques. Contrairement à vous je ne peux pas décider de partir ou de fermer l’œil lorsque je ne veux plus supporter ceci ou cela, ni de reprendre ma vie en main pour m’élever spirituellement (pour ça je dois attendre qu’un étudiant boutonneux décide de s’appuyer contre moi pour lire un livre qui m’apportera peut être quelque chose). Je ne peux ni sourire, ni pleurer, encore moins hurler ou vous interpeller. Je ne peux que rester là et balayer le paysage de mon unique œil-de-bœuf (non que j’aie un regard de vache broutant dans un pâturage normand, mais je ne peux appeler ça autrement) lorsque vous décidez de me bousculez pour passer derrière moi… je ne suis qu’une porte…

13 novembre 2006

Tu es formidable, mais...

Merci, je commence à le savoir!