Gustave le farfadet

30 juin 2007

Sónar ou comment passer un week-end de folie à Barcelone

Jeudi

Jeudi matin, 14 juin, aéroport de Genève. Je poireaute tranquillement devant la porte B43 en sirotant un coca (il n’est que 9h30, faut pas pousser). Autour de moi s’amasse une foule de gens hétéroclite. Du couple de vieux partant sans doute se faire des sightseeing à la pelle au buisnessman blasé qui se demande toujours pourquoi ses patrons le font voyager avec cette foutue compagnie low cost après 25 ans de boîte. Pourtant une partie de mes compagnons de voyages semblent rassembler les mêmes caractéristiques. Entre 20 et 30 ans, voyageant léger, l’air bien reposé, avec un je ne sais quoi d’impatience inscrit sur le visage. Je saisis mon stämpf et leur colle un gros Sónar sur le front, peu de chance qu’ils se rendent ailleurs.

Qui a dit « bon il est sympa, il a déjà écrit Sónar deux fois et on sait toujours pas ce que c’est ! » ? Internet, tu connais ? Allez hop hop hop. Bon ok je vous l’épargne, mais c’est un peu dur à décrire en une phrase. C’est un festival de musique. D’accord, c’était pas si dur, mais ça rend pas vraiment le truc. Parce que là je vous vois tous « super, un article de plus sur un festival pop, ça m’a déjà gavé tout l’été et cet empaffé recommence ! ». On se calme les collinets ! De un, si ça vous gonfle, y a qu’a pas lire, et de deux, Sónar c’est pas le festival de Gampelen.

Je reprends. 12h30, après un agréable vol (quand est-ce qu’ils vont bloquer les sièges pour que l’abruti de devant ne vous colle pas le sien dans les genoux 5 minutes après le décollage ?) et une petite demie heure en bus, je débarque place Catalunya, les écouteurs et la casquette vissés sur la tête. Il fait chaud, très chaud. Première épreuve, descendre toute la Rambla avec une valise à roulette. Après 25 minutes de marche, j’ai rebaptisée cette rue « Piège à con géant ». J’y ai croisé pleins de touristes formatés « sightseeing tour » s’extasiant devant des statues humaines (oui oui, les gars grimés qui bougent pas). Le summum : les parents qui font prendre leur rejeton avec un père Noël chargé de cadeaux en plein mois de juin, y a de quoi déprimer. Bref, au bout de la rue je retrouve des amis venus de notre belle région qui doivent me conduire à l’hôtel (frimeurs, sont venus avec Swiss…). 19 euros la nuit, 2 euros si vous voulez avoir des draps et des taies d’oreiller et de duvet. Bien sûr, on ne l’apprend qu’après une nuit à dormir en ayant peur de chopper des puces. Faut que j’abrège.

15h30, départ de l’hôtel, direction MACBA (Museu d’Art Contemporani de Barcelona). Le bâtiment est immense, on fait le tour pour chopper nos pass pour le festival.

Après avoir failli se prendre un panneau de deux mètre et 30 kilos sur le coin de la gueule (un malheureux coup de vent), on entre dans l’arène. 2 scènes extérieures, 2 dans les salles du musée, quelques expos, un coin DJ, et une vilaine odeur de substance illicite aussi bien dehors que dedans. Bon ben là c’est gentiment 17h alors on se pose sous un arbre pour déguster une bonne vieille San Miguel, le cul sur du faux gazon. L’électro minimale fait résonner les tympans. La bibine finie, on se lève et on parcours les diverses scènes. Au sous-sol des gars sont en train de faire des sons étranges, on dirait un aquarium géant. On se met dans le bain, il n’y a pas encore énormément de monde.

Bon, il fait faim ! Un vieux bout de bidoche au Grill et au lit, on s’est quand même levé à 5h du mat, et la soirée de ce soir est pas dans le festival pass.

Vendredi

Réveil vers les 11h, boulangerie, supermarché, bord de la mer, croissants, milk shake fraise-banane, jus multi-fruits au goût innommable, et départ pour une petite visite de la ville. Au prix du billet faut faire un peu de tourisme quand même. Première station de métro, direction la Sagrada Familia. Il faut avouer que c’était un bon agité du bocal ce Gaudi, c’est tout simplement énorme. Un petit tour de la cathédrale et retour dans le métro, on a pas que ça à faire. Un petit tour vers sa maison (celle de Gaudi, pour ceux qui sont perdus) avec des balcons aquatique et vers le musée un peu plus loin, arrêt au stand pour une bibine, et retour au festival. Voilà, j’ai visité Barcelone.

Ah ben y a déjà plus de monde, et déjà plus qui dorment par terre. D’autres, complètement pillsés, dansent comme des tarés sur de la musique plutôt calmes (le plus mythique d’entre eux est vêtu d’une toge immitation léopard, d’une perruque hirsute rousse, et il se roule par terre devant ses potes). J’écoute les conseils de mes compagnons avisés (Cycle Opérant, voilà pour le coup de pub) et me rend au Escenario Hall pour voir Sunn O))). Et j’avoue que je suis… surpris. Un mur d’amplis de 2m50 de haut sur 8 de large, et deux chevelus style Axel Roses en train d’agiter des guitares électriques devant pour créer des effets de distorsion pas piqués des vers. Ca interpelle. Je sors pour m’enfiler des pop-corns et acheter un bocadillos al jamon serrano (à ajouter dans le lexique du festivalier). Lorsque je veux revenir, il doit y avoir 100 personnes essayant d’entrer dans le musée. Clark est en train de jouer et apparemment c’est de la tuerie. Une fois dedans, ça se confirme. De la pure folie, on a qu’une envie, bouger. Bon ben à force de s’enfiler des cerveza, l’estomac commence à réclamer du solide. La soirée commence tôt alors il faut se dépêcher.

21h : mangeage de chips et sangria.

22h : mangeage de pâte et sangria (merci Don Simon).

Départ pour les bus, je ne sais pas trop ce qui m’attend, tant j’ai entendu de parler des soirées de Sónar. Après quelques minutes d’attente on s’en va enfin. 20 minutes de trajet, et on se fait déposer devant un gigantesque complexe (style Palexpo, en plus grand). 10 minutes pour arriver à l’entrée, 10 euros pour deux paquets de clopes (me serais-je fait rouler par un honnête vendeur sur trottoir ? De toute façon les Espagnols n’en vendent nul par alors on fait comme on peut).

On entre dans le bâtiment et là ma mâchoire tombe, ma langue se déroule et je commence à baver. Il y a plus de place dans les couloirs où il ne se passe rien qu’à la fête de l’uni. Je ne vous parle pas de la taille des salles, c’est gigantesque.

Re-bave devant l’infrastructure technique et la qualité du son. 5… 4… 3… 2… 1… Welcome to the BEASTIE BOYS ! Foule en délire, pogo, whisky coca, show lumineux à pleurer, vieux rappeurs pleins de fougue, ça passe trop vite… Tiens, je connais ces notes. Ce serait pas Intergalactic ? Délire total. Toute la salle saute en l’air et la fièvre monte. Après ça, une petite cerveza et une promenade. Electro minimale, hip-hop, musique de fou (je sais pas comment ça s’appelle mais les pillsés on l’air d’aimer beaucoup), y en a pour tous les goûts, surtout les miens. Dehors, Ed Banger Records font bouger les têtes. Ca commence par Uffie ft. Feadz et Justice enchaîne. Déjà vus à Festi’neuch, et reprendre des sons moisi qui passaient dans les soirées house de mes 12 ans (ok, boums de camp de skis…) ça le fait moyen, par contre balaises, ils arrivent à mixer les deux bras en l’air. Ils sont marrants Justice. Mais j’avoue, ça fout une pêche d’enfer. C’est gentiment 4h30, on change de salle. Un peu de hip-hop, de drum’n’bass, et retour à l’hôtel. Il est 5h30 mais la soirée semble loin d’être terminée.

Samedi

15h30, réveil douloureux. Même étapes que précédemment, puis départ au festival. En arrivant, je vois Hocus Pocus sur scène. Ca groove, c’est jazzy, en gros ça diffuse le fun (voilà, ça c’est placé). Mais bon j’ai quand même mal aux pieds. Direction le coin DJ’s à l’intérieur. Je saute dans un gros canapé et je me mets de la drum pleins les oreilles, en sirotant une Miguel. Un type approche « Do you speak english? » « euh… yes » « do you have cocaïne ? » « euh… no…». Bon, ça suffit. En sortant je traverse une salle, des espèces de bûcherons font de la disto, et j’arrive devant le label Modern Love, et y a pas à dire, ils sont doués les p’tits gars. Deux trois autres concerts, puis départ vers une institution de barcelone, les Platos Combinados.

Pour les ignares, dont je faisais partie il y a peu, il s’agit d’assiettes composées généralement de frites, de salade, d’œufs au plat, de viande (ou de saucisses de Vienne, certains prétendent que ça tient mieux au ventre qu’un steack), et il en existe une quantité de variantes incroyables (un peu comme les pizzerias qui proposent 180 pizzas, y en a pas deux pareilles).

Retour à l’hôtel, sangria, chips, et mélanges. Départ pour le bus, rhum coca dans toutes les poches. En arrivant au méga complexe on découvre un groupe pour le moins surprenant, Devo (connu des plus agés peut-être). 4 papis d’une soixantaine d’année faisant du rock pêchus et sautant dans tous les sens ça vous dit quelques choses ? Oubliez les Rolling Stones. Ici c’est plutôt moustache et bide à bière. Mais ça en jette pas mal et ça les empêche pas de faire un show d’enfer. 20 mètres vers la droite et là on a de la grosse-minimale-qui-chie-des-braises. On me redemande des trucs bizarres deux trois fois, désolé les pillsés, je ne fais pas partie des vôtres.

Wouah déjà 1h15 !!! Hop, changement de salle. On patiente, le concert est interminable, on s’énerve, et tout d’un coup une énorme basse. Une autre. Une autre. La foule commence à applaudir. Un DJ débarque, fait une démo de ses capacités, et il en a le bougre, et de nouveau une énorme basse. Les gens commencent à appeler le bonhomme. Un gros type débarque, c’est lui. Rahzel est devant nous, c’est parti pour 1h30 de beat box comme on en verra jamais (essayez de faire 3 instruments et 2 voix en même temps, moi j’arrive pas). Mais c’est pas fini. Le label Innervision entre sur scène, Château Flight et Âme mettent le feu. Vite, échappons-nous, Miss Kittin arrive ! Retour dans la grande salle. On est deux surmotivé, les autres un peu moins. Tant pis, allons prendre le bus. Les oreilles pleines de son (enfin, de sifflements plutôt), départ pour l’hôtel. Après deux soirées tout simplement incroyables dans un environnement gigantesque. Je me couche heureux (et bien lancé). Il est 6h30.

Dimanche

10h30. Réveil, valise, boulangerie, parc public, plage, sieste, bus, aéroport, avion, train, domicile, lit, sommeil du juste, demain faut commencer à bosser les exas, le premier est dans 3 jours… Hasta luego Sónar,à l’année prochaine !